Livre : L’Espoir bafoué

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“L’Espoir bafoué”, la situation du travail du sexe au Mali 

« Si tu es dans le travail du sexe les gens ne te respectent plus, même tes enfants ne te considèrent plus. Des fois, tu ne peux pas rentrer dans ta famille parce que tu as honte… c’est pour cela que tu restes dans les maisons closes. »

— Extrait du livre Tainted Hope, réalisé par Danaya So.

En 2005 DANAYA SO a publié le livre « L’Espoir bafoué » avec une collection d’entretiens avec des travailleuses du sexe qui décrit leurs conditions de vie et celles de leurs enfants ainsi que le contexte dans lequel elles évoluent. En 2013, le livre a été réédité, et 2017, « l’Espoir bafoué » a été traduit en anglais (Tainted Hope).

Illustration de la couverture: logo DANAYA SO par Dominik Löw 

Photos: Alain Meier/Caritas Suisse

Mise en page & Impression: Imprim Color Bamako 

Traduction en anglais: Brahm Rosensweig

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Extraits d’entretiens avec des travailleuses du sexe :

Après le décès du père

« Je suis née d’une famille pauvre. Quand mon papa est décédé, ma mère devrait se débrouiller avec nous, ses cinq enfants. Comme je suis l’aînée, je faisais le petit commerce qui ne nous apportait pas assez d’argent. Alors je me suis mise à le travail du sexe clandestin. Au début ma mère en était contente, car j’amenais beaucoup d’argent. Mais, au bout d’une année, elle avait honte pour moi. Ainsi, j’ai quitté ma famille pour m’installer dans une maison close. »

Un mariage arrangé

« J’ai choisi le métier du travail du sexe contre ma volonté. J’étais mariée avec mon oncle sans mon consentement et il habitait dans la campagne, alors que je n’ai jamais vécu au village. Mon mari me faisait travailler durement. Je me suis opposée car le travail était trop épuisant. Alors mon mari m’a frappée jusqu’à ce qu’à travers ses coups mon bras a été cassé. Malgré mon bras, mon mari me forçait à travailler. Les jours où j’avais le moral bas, j’avais refusé d’aller au champ.

Mon mari m’a renvoyée, je suis allée chez mes parents. Ceux-ci aussi m’ont renvoyée et me voilà dans la rue, sans soutien, sans assistance. Un jour j’ai décidé de partir dans une autre ville. Mon choix est tombé sur Sikasso, sachant bien que je n’y ai pas de connaissance. Il y a un proverbe qui dit «Dieu est grand». Arrivée à Sikasso, je me suis retrouvée dans la prostitution pour pouvoir subvenir mes besoins. Mais, si par hasard je trouve un mari, au nom de Dieu, j’abandonne la prostitution qui me rend honteuse, indigne. »

Une femme divorcée

« Mon mari m’a divorcée il y a dix ans. Je n'ai pas de moyens pour payer la location. J'ai voulu rentrer dans ma famille, mais les parents disent qu'il n'y a pas de place. Qui va s'occuper de moi maintenant? J’ai pris une maison en location, à ce moment j’ai trouvé un homme. Il m'a soutenue. Il est parti, un autre est venu. Il est aussi parti. Ils n'ont même pas fait une semaine. Maintenant si un homme vient, je cherche de l'argent avec lui sur place, sinon je sors pour chercher l'argent dans la rue. »

Une veuve

« Une femme veuve, quand son mari est mort, personne ne veut la marier. Elle est à la maison avec ses enfants. Elle est obligée de faire le travail du sexe pour nourrir ses enfants. Il y a des femmes veuves, les parents du défunt vont chercher tous ses biens et laisser la femme et ses enfants. Les parents de mon mari défunt ont pris tous mes biens, même mon lit, alors que j'étais en deuil. Donc qu'est-ce que tu vas faire pour vous nourrir? Un homme doit faire son testament pour sa famille. »


Une femme mariée 

« Les soirs elles s’achètent un peu de banane ou de médicaments, et elles disent: ‘Voilà le reste de ce que j'ai vendu.’ Or qu’elles ont passé toute la journée dans la maison close. »

La Santé

« Les jeunes filles de treize ou quatorze ans quittent leur maison pendant un mois, deux mois elles se prostituent, elles ne retournent pas pendant un an même. Certaines tombent malades. Si elles tombent malades, pour aller à l'hôpital c'est très rare. Elles préfèrent laisser leur argent dans leur poche, elles se disent, je vais guérir. Elles prennent les médicaments vendus dans la rue. »